Quatorze

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MÉMOIRES DU SILENCE - Par Gerhard Fankhauser, alias Master G - Shaumbra Magazine, Mai 2022

 

 

 

 

MÉMOIRES DU SILENCE

 

Gerhard Fankhauser 5Par Gerhard Fankhauser, alias Master G

Shaumbra Magazine, Mai 2022

www.crimsoncircle.com

 

 

 

 

Je suis de retour dans le désert, dans ce village solitaire  au milieu de nulle part, dans une petite cabane louée, un endroit où je peux venir chaque fois que j'ai besoin de nature pure, de solitude, une pause loin du bruit du monde occupé et surtout quand j'ai besoin de silence.

 

Je me suis réveillé tôt et j'ai fait ma pratique de chant du matin tandis que le soleil se levait sur les collines du désert. Cette pratique efface les énergies de la nuit, les échos des rêves, m'amenant dans un état de vide joyeux et de  gratitude pour accueillir ce nouveau jour. Nous ne savons jamais s'il y a un demain, alors je suppose que c'est tout ce qu'il y a, pour tirer le meilleur parti de cette journée, pour la vivre et en profiter pleinement, pour être dans l'instant.

 

 

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J'aime le désert; il me connecte à cette essence intemporelle de mon Être. Certains endroits et conditions favorisent tout simplement un état d'esprit paisible et la maîtrise de la conscience.

 

Le désert est mon refuge. Cela me permet d'être pleinement moi-même, d'être en accord avec moi-même, car il n'y a que peu de distractions. S'asseoir ici est une expérience totalement différente, totalement différente de celle d'un environnement plus urbain. Le banc signifie ici communier avec le silence, être pleinement avec soi-même.

 

La vie humaine est devenue très bruyante. Il n'y a presque pas de moment de silence et juste au moment où vous pensez qu'il y en a un, votre voisin commence à tondre son jardin, ou un camion fait une marche arrière dans votre  rue avec ce "bip, bip" ce son agaçant et pénétrant. C'est l'un de mes préférés. Je veux dire, quel génie a inventé cette idée absurde qu'un camion doit émettre un bip lorsqu'il recule ; et ils ont  du volume ! La pollution sonore ne semble pas déranger les gens autant que la pollution visuelle, mais je crois que le bruit est l'un des plus grands obstacles sur le voyage vers l'illumination.

 

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Le bruit est tout simplement nul ! J'aime vraiment le silence. Mon âme le désire, le boit comme un bon vieux vin, l'absorbe comme une terre sèche sous la première pluie. J'aime le parfum du silence, l'élégance, le néant infini. Aujourd'hui lors d'une promenade silencieuse dans les collines environnantes, je me suis soudainement souvenu d'une rencontre qui a laissé un fort écho en moi.

 

C'était il y a quelques années, à une époque où je vivais et voyageais dans l’Himalaya. J'adorais faire du trekking et je faisais une randonnée vers un temple ancien dans les hautes collines quand je suis tombé sur un village isolé, loin de tout. On ne pouvait y accéder qu'à pied, et la marche avait été assez raide. D'abord à travers des vallées et des forêts semi-tropicales, puis sur un terrain de plus en plus montagneux. La dernière partie du sentier m'a conduit à travers une floraison rouge, une Forêt de rhododendrons.

Alors que je marchais dans ces bois enchanteurs, j'ai soudainement entendu des bruits de rire. J'ai regardé autour de moi et, à ma grande surprise, j'ai découvert certaines des femmes du village perchées dans les arbres, en train de couper des feuilles et de les mettre dans des paniers sur leur dos. La plupart d'entre elles étaient à moitié cachées dans les feuilles et les fleurs, mais toute la forêt résonnait de leurs bavardages, de leurs plaisanteries, de leurs chants et surtout de leurs rires, lorsqu'elles m'ont vu arriver. Je n'avais jamais rien vécu de tel auparavant, c'était une scène tout droit sortie d'un conte de fées.

 

Gerhard Fankhauser 4

 

En quittant la forêt, le sentier menait à une prairie avec des vergers et des champs entourant le village, et avec une vue imprenable sur les puissants sommets de l'Himalaya. Arrivé à la porte du village, j'ai été accueilli par une bande d'enfants curieux qui m'ont escorté jusqu'à une simple maison en pierre où j'ai été salué et accueilli par une famille qui m'a proposé de rester chez eux. J'ai accepté avec joie car il n'y avait évidemment pas de maisons d'hôtes ou de restaurants dans le village; juste un minuscule magasin où l'on pouvait acheter des allumettes, des bougies, des cigarettes, du sucre, de la farine et des bonbons.

 

Je parlais un peu d'hindi et pouvais avoir des conversations simples, mais tout était très clair même sans aucun mot. Les villageois étaient des gens tranquilles, qui écoutaient et sentaient très bien. Il y avait une sorte de connaissance simple qui rendait très confortable le fait d'être avec eux; il semblait naturel d'être un invité dans leur maison. Ce village était loin de la civilisation, sans électricité, sans télévision, sans technologie moderne. Même mon briquet et ma lampe de poche étaient une attraction. Personne ne passait ici par hasard, seulement quelques pèlerins en route vers les temples en hauteur au pied du glacier. Les personnes chez qui j'ai séjourné était de bons hôtes et m'ont fourni un repas simple mais délicieux et bien sûr du chai. Dans l'ensemble, je me suis vraiment senti le bienvenu et en aucun cas traité comme un étranger.

 

Le soir, je me suis assis sur le banc à l'extérieur de la maison, avec le grand-père de la famille. Nous étions assis en silence, fumant une pipe et écoutant les doux sons du village et des forêts environnantes. Il y avait des voix d'enfants avant qu’ils ne s'endorment, des disputes entre mari et femme, le meuglement des vaches, le bêlement des chèvres, le caquetage des poulets, le gazouillis et le chant des oiseaux, le jacassement des singes et les aboiements des chiens. Tout se mélangeait de façon tellement harmonieuse, et j'ai réalisé pour la première fois comment le silence fusionnait tous ces différents sons en harmonie.

 

Le silence profond était comme un récipient pour tout le reste. Le silence n'était pas l'absence de son, mais l'essence de celui-ci, le centre silencieux de tout, et la musique, la musique la plus évoluée, éveillait en nous la sensibilité au silence, au moment présent, à l'harmonie intérieure. Pendant que je contemplais ce chant lumineux de la nature et de la vie, nous regardions les silhouettes des montagnes qui s'estompaient lentement sous le ciel de velours sombre avec son grand dôme d'étoiles. C'était épique et grandiose.

 

Nous sommes restés assis là un long moment en silence, sans avoir besoin de mots, appréciant simplement la présence et la compagnie de l'autre.  Avant d'aller nous coucher, le grand-père m'a regardé dans les yeux et m'a dit : « Pour nous ici, dans notre village, Dieu est présent. »Ce furent les seuls mots prononcés ce soir-là et j'ai compris ce qu'il voulait dire, je l'ai senti. J'ai senti le caractère sacré et innocent de leur vie, la beauté intacte et la pure harmonie avant de tomber du paradis.

 

J'ai réalisé avec gratitude le don précieux de ce moment, mais il y avait aussi en moi le sentiment que leur vie allait changer, qu'eux aussi allaient tomber du paradis une fois que la civilisation moderne les aurait atteints. Il n'y a pas moyen d'éviter cela, comme on ne peut pas éviter qu'un enfant perde son innocence en grandissant. Nous sommes tous tombés du paradis, tombés en disgrâce, et avons dû traverser toute l'expérience de la vie, à travers les illusions et les distractions, les souhaits et les espoirs, les hauts et les bas, en faisant l'expérience de l'amour ainsi que des difficultés et de la douleur, jusqu'à ce que nous entreprenions notre voyage de retour. Le voyage de retour à la maison.

 

C'est pourquoi je suis ici, à écrire cet article, et c'est pourquoi nous sommes tous ici, réunis en tant que Shaumbra. Nous sommes rentrés à la maison. Nous sommes arrivés au point où il nous est simplement demandé de nous asseoir sur un banc, de nous détendre dans le moment présent et de faire briller notre Lumière dans ce monde.

 

Gerhard Fankhauser est un Maître musicien autrichien et  le fondateur du groupe musical Yoham. C'est un guitariste accompli, un auteur-compositeur, un chanteur de sons harmoniques et un Enseignant inspirant animé d'une profonde passion pour les mystères intemporels de la musique. Il travaille avec le Crimson Circle depuis 2007 et a créé divers enregistrements de « musique Nouvelle Énergie » qui sont devenus une partie intégrante du voyage des  Shaumbra.

Contactez Gerhard via son site internet www.healingworldmusic.com

 

 

 

 

Interprétation de Feolla 

feolla.ca@gmail.com  www.quatorzenouvelleenergie.com

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



12/05/2022
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